Le seigneur des porcheries – Tristan Egolf


Lectures

 

Statistiquement, chaque citoyen civilisé produit chaque année un minimum de mille pour cent de son poids en déchets. Chaque société « civilisée » recule devant ce monceau comme devant la contagion elle-même, reléguant ainsi la strate la plus basse de sa population au soin de l’en débarrasser. L’éboueur ordinaire participait autant de l’anathème pour cette société que lesdits déchets. Le boueux n’avait pas plus sa place parmi les citoyens respectables que les ordures dont il venait le soulager n’avaient leur place sur le tapis du salon. […] Chaque jour, il manipulait à pleines brassées ce que les autres ne toucheraient pas avec un aiguillon à bestiaux. Par un jeu de pure association, il était placé au même niveau que les immondices qu’il avait mission d’évacuer. Pour le plouc ordinaire, il n’y avait guère ou pas de différence entre les deux. En pratique les collecteurs d’ordures et les ordures elles-mêmes ne faisaient qu’un.

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